Ce texte a été écrit par un ami et publié dans le bulletin semestriel (de janvier 91 !!) du club dont je faisais parti, je suis retombé dessus il y a qq jours et je le trouve vraiment...vrai !!
Lettre à un husky vagabond ou un long et sincère apprentissage
Nous vagabondons bientot tous les 2 depuis 3 ans.
Je te devais bien de parler un peu de toi et des copains nordiques puisque tu parles souvent de nous dans cette rubrique de l'Igloo *.
Pourquoi ? J'avoue qu'à force de me mettre dans la tête d'un husky, j'arrive à ne plus bien savoir qui est qui...
Je me demande souvent en te regardant si tu n'as pas chaparder malicieusement mon âme et si je ne deviens pas peu à peu husky...
Mais n'est ce pas là au fond, la démarche banale quoique nécéssaire de tout propriétaire de chien nordique ?J'aime à me souvenir de la première fois où je t'ai pris dans mes bras pour t'emmener avecmoi, où je t'ai éloigné de ta meute natale.
Petite boule de poils roux, déjà si calme, attentif et fier. Aucun caprice, une simple indifférence polie qui m'a longtemps rendu coupable de t'avoir enlevé aux tiens pour notre seul loisir de t'avoir pour compagnon.
Nous avons pourtant commencé à vagabonder ensemble dès les premiers jours.
Tu as découvert avec moi notre terrain de prédilection : LA MONTAGNE ; la Montagne comme aux premiers jours , les vastes champs de neige immaculés, tout au long de l'année. Je savais bien que même au bout de la longue corde ton tempérament curieux et attentif y trouverait plaisir.
Puis nous avons commencé à parcourir les chemins ensemble, avec le vtt. Tu trouvais d'instinct le plaisir de la course en me tractant.
Je découvris la fougue dont vous êtes capables. Quand nous nous arrêtions, et que je te regardais me regarder haletant, je sentais que nous commencions à former un tandem. L'apprentissage n'était pas facile, ni pour toi, ni pour moi. Pourtant quand un lapin venait troubler la séance...
Tu es parti une semaine avec ta meute natale t'entrainer dans les Alpes. J'étais heureux de te savoir avec les tiens, dans ton vrai rôle. Mais qu'elle a été longue cette semaine... XXXX m'a dit qu'elle l'avait été aussi pour toi et qu'il est vrai que tu nous a gratifiés de longs hurlements rauques quand nous t'avons retrouvé.
Mais tu restais pour moi mon compagnon sympathique, mais indépendant et un peu lointain. Jusqu'au jour où à l'issu d'une folle descente dans les pentes enneigées du col de la croix de fer, nous nous sommes retrouvés tous les 2 au bas de la pente, emmélé l'un à l'autre par le trait, couverts de neige, haletant et riant aux éclats. Car tu riais j'en suis sûr ! De ta gueule ouverte en passant par tes oreilles en arrière, jusqu'à ta queue en panache. J'ai vu ce jour là dans tes yeux brillants que notre équipe était née.
Je sais maintenant quand tu viens me rejoindre le soir pour que je te caresse que tu viens retrouver ton ami et que tu viens m'apporter ta joie d'être avec moi et que ton indépendance est celle d'un être libre que je dois respecter.
Je souhaite à tous mes amis du club de pouvoir trouver avec les tiens, la même entente, la même communion, par le biais des courses et des randonnées.
Même si on dit que votre amitié pour les hommes est innée, nous ne devons jamais oublier qu'une amitié se construit sur le respect mutuel et qu'elle est un long et patient apprentissage...
* cet ami écrivait de petits articles sur les sorties club dans notre bulletin (l'Igloo) en faisant "parler" son chien.