En tant que passionné de météo depuis toujours, je vais essayer d'expliquer ce qui m'inquiète: il n'y a pas d'hiver actuellement car la situation est bloquée pour encore plusieurs jours, voire des semaines, avec un front de précipitations qui est repoussé constamment au nord de l'Europe, où la pluie sévit et cause des dégâts importants; les dépressions actives, qui tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre attirent de l'air qui a séjourné au-dessus de l'océan encore chaud (l'eau a encore 15°C au large de la Bretagne!); pour avoir de la neige, il faudrait que la circulation d'Ouest en Est soit coupée par une haute pression se formant vers l'Islande, faisant descendre de l'air polaire vers la France et que cet air rencontre l'air chaud et humide qui parcourt nos régions. Cette situation s'est produite en fin novembre et nous a donné une semaine hivernale, survenue hélas trop brusquement après l'interminable été indien, la neige étant tombée sur un sol très chaud. Si ça devait se reproduire maintenant, la neige tiendrait déjà mieux, mais hélas rien ne semble freiner ce courant d'ouest qui suit le Golf Stream, en provenance des Bermudes: L'anticyclone reste ancré dans les régions tempérées, où le soleil ne peut plus, à cette saison, réchauffer suffisamment les terres pour créer des convections et appels d'air et donc amorcer des dépressions qui attireraient de l'air froid du nord, ce qui se passe au printemps avec les fameuses giboulées; la masse d'air d'origine tropicale stagne sur nos régions en se refroidissant dans les basses couches, formant des "lacs d'air froid" plus difficiles à dissiper qu'auparavant, cet air étant chargé de particules et de gaz, devenu plus lourd et dense qu'avant la pollution massive des villes, je cite l'exemple du bassin grenoblois...
L'anticyclone étend de plus en plus ses tentacules de haute pression vers l'Europe centrale, le baromètre reste beaucoup plus souvent largement au-dessus de "variable" en automne et les rares fronts qui arrivent à passer nous effleurent, donnant peu de précipitations, hormis les épisodes méditerranéens du début de l'automne lorsque l'eau dépasse encore les 20°!. Dans une masse d'air uniformément douce, peu de nuages peuvent se former sans l'apport d'énergie important fournie par un ensoleillement suffisant, et aussi par le vent. Pour qu'une masse d'air se condense et libère son eau, il faut qu'elle se refroidisse par décompression, soit lorsque de l'air froid la pousse à s'élever, soit lorsque le vent la fait passer au-dessus d'une chaîne de montagnes.
L'année passée, nettement moins chaude, après quelques jolis épisodes neigeux en novembre, il n'y avait pratiquement plus eu de neige jusqu'au 27 décembre puis plus rien non plus entre le 3 et le 17 janvier, enfin une belle période neigeuse s'achevant vers le 12 février, avec 50cm de neige jusqu'à 600m d'altitude.
En plaine, les chiens avaient pu s'éclater dans les parcs:
alors que cela n'aurait pas été possible l'hiver précédent.
Pas d'hiver non plus au Québec pour le moment, d'après les données reçues:
Il semblerait que la réserve d'air froid des latitudes Nord ne s'est pas encore bien constituée et se confine à des régions très continentales de la Sibérie et du grand Nord du Canada et de l'Alaska seulement...
Revenons dans nos régions et voilà l'exemple-type de temps que nous connaissons de plus en plus souvent à cette saison: ---jusqu'à hier, beau et chaud en altitude avec nuages bas et air humide en plaine, très pollué; inversion de température au niveau de la couche supérieure de grisaille, +5°C en-dessous de 800m d'altitude, +10°C à 1200m, puis gradient normal, soit la diminution de la température en fonction de l'augmentation de l'altitude. ---hier, passage d'un front "froid" avec un peu de pluie, 3 à 4cm de neige au-dessus de 1800m d'altitude et les derniers flocons ne s'abaissant pas au-dessous de 1500m; la température s'est abaissée de 10° à 2000m d'altitude, passant momentanément à -2° en fin de journée, alors que sous l'inversion, le thermomètre est passagèrement remonté de +5° à +11° pendant le passage du front "froid"! ---pendant la soirée et la nuit, retour du grand beau sans un nuage en altitude, mais avec une hausse spectaculaire du thermomètre et du baromètre, puisque ce matin, il fait de nouveau +6°C à 2000m d'altitude, alors que le rayonnement nocturne a permis au sol de se recouvrir de givre dans les régions où la couverture nuageuse s'est dissipée. ---par la suite, le peu de neige tombée en altitude va fondre au soleil et se durcir à l'ombre, avec un temps printanier d'une limpidité maximale, sans vent, alors que sous l'inversion, la couche nuageuse va s'étendre à nouveau, maintenant les villes de plaine dans la grisaille et l'air pollué, de jour comme de nuit... ---il faudra toujours monter au-dessus de cette satanée mer de nuages pour profiter du soleil et de la douceur, et très haut pour avoir de la neige...
Il y a un certain nombre d'année, ce type de temps se produisait quelques fois alors que maintenant, c'est très souvent et ce sera bientôt la nouvelle "norme" climatique dans la région alpine d'Europe centrale.
Avant ce changement qui fait fondre nos glaciers, c'était le plus souvent une bise froide à toutes les altitudes qui succédait à un front froid, car la pression atmosphérique remontait "depuis le Nord", les anticyclones se formant plus souvent au Nord de l'Europe centrale qu'au Sud. Actuellement, c'est presque toujours une "crête" anticyclonique qui se détache des hautes pressions régnant la plupart du temps entre l'Espagne et les Açores, qui s'étend vers nos régions après le passage de précipitations. Et diminue aussi la fréquence et l'intensité des précipitations chez nous.
Les météorologues et climatologues s'accordent pour affirmer que le climat se réchauffe deux fois plus vite dans les Alpes par rapport à la moyenne globale terrestre et je pense avoir expliqué pourquoi.
j'ai bien peur qu'un jour nous soyons obligé d'utiliser photoshop pour avoir des images de nos loups dans la neige. en tous cas, merci des explications météos, je comprend un peu mieux.
noonookAdministrateurMessages : 5151 Date de naissance : 25/08/1951 Date d'inscription : 26/04/2010
La chaleur continue et pas un flocon de neige en vue...
Nous profitons de faire des rencontres au bord du lac Léman, dont ce chiot si doux:
il a deux mois et demi et va devenir une rare beauté:
Avec la foule au marché de Vevey, profitant de ce soleil printanier, je n'ai pas de meilleure image du chiot. J'ai trouvé sans peine la race de ce chiot, la connaissant assez bien. Alors une petite question adressée aux membres qui suivent ce sujet: quelle est sa race?
Bien joué! C'est presqu'un Akita, mais plus petit, un Shiba Inu! une vraie petite peluche que j'ai eu la chance de caresser! Il y a un deuxième blanc, albinos, dans la portée, mais c'est très rare!
Cela devient la nouvelle "norme" chez nous, même si le soleil et la douceur ne concernent pas ceux qui dépriment sous la mer de nuages bas et ne peuvent pas monter au-dessus de 800m d'altitude:
avec 12° à l'ombre, après une bonne marche, mes petits loups font la sieste sur une étroite bande de vieille neige:
c'est apparemment le calme sur les hauteurs de Vevey et de Montreux, l'occasion de contempler les faces "enneigées" des montagnes:
mais pas le silence, car la rumeur lointaine de la civilisation perce la couche de brouillard... les villes ne sont qu'à 5km à vol d'oiseau!
Oui, au-dessus de 1300m et à l'ombre, il y a encore un peu de blanc, mais Saskia ne se roule pas dedans et préfère creuser les trous des taupes qui sortent comme au printemps; on entend aussi quelques chants d'oiseaux qui annoncent le printemps. Sous la couche de brouillard, c'est sinistre et irrespirable; j'évite de faire des trop longs déplacements en voiture pour polluer inutilement lorsque je peux profiter du soleil et de quelques névés près de chez moi; en montant au Glacier 3000, j'aurais de la meilleure neige, bien que médiocre: même pas de belle poudreuse pour Saskia d'après la webcam, et un porte-monnaie allégé au retour!
La pluie a douché les derniers espoirs de neige pour cette année, sauf au-dessus de 2800m d'altitude:
une année avant, il n'y avait pas encore ce gouffre géant et toutes ces stries creusées à l'aide des chenillettes étaient destinées à empêcher le vent d'emporter la neige si précieuse:
il n'y avait pas un tel trou à cet endroit, mais seulement une crevasse:
apparu lors de la canicule de cet été 2015, le gouffre fait des heureux:
mais inquiète mes louloups:
il est possible de descendre les quelques 25m pour atteindre le fond et une grotte glaciaire à condition d'être bien équipé...
une couche par année:
l'endroit idéal pour s'entraîner au sauvetage dans une crevasse et aussi à escalader un mur de glace:
la promenade face aux grands sommets parmi les plus prestigieux des Alpes:
un bar sur le glacier, bien fréquenté pour un mardi:
et la piste continue:
mais la neige vierge est plus attrayante pour le jeu:
c'est le moment de revenir à la station avant la cohue:
une belle rencontre lors de la remontée:
la chienne Huskie Kaya est même détachée un instant avec sa copine Border collie:
la neige a souffert de la chaleur même à cette altitude:
une série de parapentes prennent leur envol dans la douceur presque estivale:
il fait 0°C à 3900m, comme en été, lisez cet extrait de la météo des Alpes, pour Chamonix:
la station de Gstaad, visible derrière les petits loups, est dans la verdure:
et ici, près de 3000m d'altitude, l'une des rares pistes de ski est en neige de printemps:
il faut éviter la piste à tout prix:
la station des Diablerets figure parmi les mieux loties de toute la Suisse:
c'était la première fois que nous sommes montés si haut à cette saison pour trouver de la neige; si elle ne revient pas avant l'année prochaine, ce qui est hélas prévu, ce sera dramatique pour les stations...
Au lieu des 1,5 à 2 degrés fixés comme limite maximale par la Conférence internationale de Paris sur le réchauffement climatique, dans les Alpes, nous nous rapprochons plutôt, pour ce mois de décembre, d'une élévation de température de 10° par rapport à la norme du siècle passé...
La dernière neige de l'année valait un prix d'or, des nombreux skieurs se sont rendus dans cette station après avoir parcouru des centaines de km, sous le brouillard. Et il y aura encore plus de monde ces prochains jours, pour skier sur une neige regelée, croûtée, car il a fait +5°C aujourd'hui à 3000m d'altitude et il fera moins chaud ces prochains jours. Nous nous contenterons de plaques de vieille neige à moins de 30 min de route de la maison, évitant de surcharger les autoroutes déjà encombrées dans la région, même si une excursion en haute montagne va rester la seule solution pour trouver un semblant d'hiver... en attendant un épisode normal pour la saison!
Il y aura déjà moins de monde à cause de la neige qui sera très dure; ça s'est refroidi en altitude, passant de +5°C hier à -3°C et la pente bosselée pour atteindre le glacier sera en glace! J'avais choisi la journée de hier pour la seule raison qu'elle suivait une chute de neige de 5cm au-dessus de 2500m d'altitude, même si cette journée avait été annoncée comme la plus chaude de la semaine. Pour avoir de la bonne neige, il faut monter désormais à 4000m et Zermatt ou Saas Fee ne sont pas envisageables à cette saison, avec des journées trop courtes et les sommets que nous y avons escaladés ne sont plus accessibles autrement qu'à ski avec peaux de phoque; Saskia avait fatigué la dernière fois lors de la course de plus de 6 heures dans la neige profonde et il faut la ménager dorénavant. Les Québecois n'ont pas plus de chance que nous, avec la pluie et +11° atteints demain:
Il n'y a aucune température négative sur cette carte:
C'est dans la région des Diablerets, où il a le plus neigé en novembre. La neige est dure comme du béton à l'ombre, avec de la glace vive, et il n'y en a plus du tout au soleil, ça ne mérite pas deux heures de route... quant au glacier 3000, c'est la cohue! Les routes d'altitude, comme celle du col du Grand St-Bernard, sont toutes fermées. Il n'y a plus qu'à attendre! Cette saison d'hiver, nous ne risquons pas de battre le record des 212 journées de neige pour les petits loups!
Un paysage très original avec ces restes de neige inaccessibles sans crampons:
Saskia et Jiro ne peuvent pas jouer sur ces plaques de neige et ont même de la peine à marcher:
C'est incroyable de voir cette neige qui fond pendant quelques minutes de soleil puis regèle tout de suite après, grâce au rayonnement thermique, qui refroidit le sol exposé au ciel bleu, grâce à l'absence de vent et de plafond nuageux; l'air est si sec et chaud ici, avec entre +8°C et +10°C à l'ombre, qu'aucun givre ne peut se déposer; le sol n'est pas gelé sous les sapins qui restent pourtant constamment à l'ombre. Et dire que toute la plaine au-dessous de 700m d'altitude est sous le brouillard persistant, avec +5°C; la "mer" de brouillard est fréquente chaque hiver, mais d'habitude une belle couche de givre se dépose sur les arbres... cette année, il fait trop chaud pour les brouillards givrants...
